Un article écrit par le Docteur Nicole Millereux, odontologue pédiatrique, Aspects fonctionnels de l’allaitement maternel.
Résumé :
Se poser la question de la corrélation entre l’allaitement maternel et les fonctions maxillo-faciales, c’est réfléchir à l’action de la fonction physiologique sur la direction de la croissance et, par conséquent, sur la forme que prend celle-ci, la morphologie. Le grand physiologiste français du XIXè siècle, Claude BERNARD, qui découvrit la respiration cellulaire et le rôle des mitochondries, l’avait entrevu : « la fonction crée l’organe et l’organe interagit sur la fonction».
La dentition humaine s’aligne dans un couloir labio-linguo-jugal où l’équilibre des forces musculaires va influencer la croissance des maxillaires.
La comparaison des tracés céphalométriques de deux enfants de 15 ans montre une différence de 12 mm de croissance dans la longueur de la ligne de base crânio-faciale en faveur de l’enfant qui a été allaité.
La branche verticale de la mandibule des enfants qui ont été allaités est plus longue et plus étroite .
Celle des enfants qui n’ont pas été allaités est plus courte et plus épaisse.
Chez les 2 enfants du groupe allaitement qui présentent un champ mandibulaire à cheval sur le milieu de la ligne de base intervient un facteur héréditaire (forte rétromandibulie de l’un des parents) ou l’absence d’allaitement d’un ou des parents. Ces enfants auraient mérité d’être allaités au-delà de 9 mois pour atteindre leur pleine croissance crânienne. Ces observations corroborent la recommandation de l’OMS de favoriser un allaitement de deux années.
CONCLUSION : L’allaitement maternel prolongé permet le développement des maxillaires dans les trois sens de l’espace et l’installation d’une posture cervico-céphalique physiologique. Le développement de la base du crâne et l’avancée mandibulaire sont maximum chez l’enfant allaité